Plus de clubs français en Super League?

super-league.gifVoilà un sujet qui tourne dans bien des têtes depuis plusieurs années. Intégrer la prestigieuse Super League, le championnat anglais, c’est le rêve de plusieurs dirigeants d’équipes françaises. Le PSG avait tenté l’aventure avec son équipe du PSG Rugby League. Créé en 1996, le club, malgré des joueurs comme Banquet, Teixido ou Torreilles, avait terminé avant-dernier du championnat, puis était dissout l’année suivante, à cause notamment d’énormes problèmes financiers (peu de sponsors et aucune recette aux guichets, l’entrée étant gratuite pour inciter les Parisiens à s’intéresser au XIII, sans succès).

Cette défaite n’a cependant pas refroidit toutes les ardeurs. Et en 2005, le rapprochement de Saint-Estèves et du XIII Catalannouveau-logo-dragons.gif permettait la création des Dragons Catalans, descendant de l’UTC intégrée en 2006 en Super League,et qui y évolue toujours aujourd’hui. Autre donnée: depuis quelques saisons, le champion de France est invité à participer à la Cup, la coupe d’Angleterre, où Toulouse a réussi de bons parcours il y a encore peu de temps. De quoi montrer que des clubs français peuvent rivaliser avec leurs homologues anglais, au moins sur quelques matchs.

Toulouse est d’ailleurs le club le plus désireux d’aller en Angleterre. Présélectionné en 1995 pour intégrer la Super League, le club haut-garonnais avait finalement été écarté lorsque le projet global est passé de 14 à 12 équipes. Cette décision n’a d’ailleurs pas aidé le club du PSG à l’époque, puisque trop loin du pays treiziste, et victime de la jalousie d’une partie des supporters sudistes, le club de la capitale n’a jamais pu rallier les amateurs de XIII à sa cause.

to-xiii.jpgLes dirigeants toulousains n’ont donc pas abandonné l’idée d’intégrer un jour la Super League. Et le Toulouse Olympique a officiellement déposé un dossier de candidature afin d’intégrer la célèbre compétition dès 2009. Le TO XIII mise sur une opportunité intéressante: le championnat passera de 12 à 14 équipes, pour la période 2009-2012. Mais la sélection sera difficile puisque 19 candidats sont en course pour ces deux places. Toulouse possède pourtant bien des avantages. Le premier est la réussite du voisin catalan. Les Dragons Catalans sont en effet un club de bon niveau en Super League, et leur présence est une grande réussite économique pour Perpignan. Ce sont en effet plusieurs dizaines de milliers de supporters anglais qui viennent chaque saison suivre leur équipe en terre catalane. L’attrait touristique est un facteur très important, qui a su charmer les Anglais. Toulouse peut largement profiter elle aussi de ce bénéfice non négligeable.

D’autre part, Toulouse présente énormément de possibilités, grâce à un bassin économique et de population bien plus important que Perpignan, tout en présentant un intérêt similaire pour ce sport (la spécifité culturelle en moins évidemment). La ville de Toulouse se trouve de plus à bonne distance de Perpignan, ce qui permet de ne pas diviser l’intérêt pour chaque club, mais au contraire d’intégrer un nouveau bassin dans la compétition. Chacun peut donc chasser sur ses terres sans nuire aux intérêts des deux clubs. Tout est donc propice à ce qu’un club de Super League ait tous les soutiens nécessaires, tant sur le plan économique que populaire à Toulouse. Si le second plan n’est pas forcément la priorité des décisionnaires anglais, le premier est d’une importance capitale, le minimum budgétaire pour évoluer dans le championnat anglais s’élevant à 5 millions d’euros.

Mais le TO n’est pas le seul à rêver d’Angleterre. Terre d’ovalie par excellence, l’Aude possède actuellement pas moins de trois clubs de XIII en élite: Carcassonne, Limoux et Lézignan. Pourtant, ce record départemental a son revers. Car faute d’un véritable tissu industriel et donc de sponsors, les équipes sont à la peine. L’Aude est également un département assez peu peuplé (Carcassonne, sa préfecture, compte moins de 50 000 habitants). Et alors que le rugby était pratiquement le seul sport pratiqué, jusque dans les cours d’école,, il y a 20 ou 30 ans, les jeunes se sont aujourd’hui majoritairement tournés vers le football. Si l’intérêt reste important dans cette région pour les XIII (par rapport au XV par exemple) les moyennes de spectateurs ne cessent de chuter chaque année. On en compte actuellement qu’un millier en moyenne par match. Trop peu. Le club de Lézignan-Corbières a même failli disparaître il y a quelques années. L’idée d’un rapprochement entre les trois formations séparées seulement d’une trentaine de kilomètres refait donc régulièrement surface.

A Limoux et Lézignan, côté dirigeants, l’enthousiasme n’y est pas, mais Carcassonne semble plus ouvert. Jean-Louis Gimenez, ancien joueur et ancien dirigeant limouxin, aujourd’hui proche du club de la Cité, a réalisé récemment une étude sur un projet de fusion. «C’est la seule solution, puisque nos clubs ne peuvent aligner que des budgets misérables avec quelques centaines de milliers d’euros et peinent à attirer de bons joueurs.» Jean-Louis Gimenez préconise le rapprochement d’au moins deux clubs – et des trois si possible – pour bâtir une équipe qui pourrait évoluer à Carcassonne, où se trouve Albert-Domec, le seul stade de la région doté d’un éclairage homologué, et le plus grand. Pas simple lorsqu’on connaît l’attachement viscéral de chaque clocher à son maillot.

L’idée de monter un dossier pour la Super League fait quand même son chemin. Mais des handicaps existent. Un fusion paraît inévitable pour obtenir un club capable d’avoir un budget adéquat et d’être capable de rivaliser avec les clubs anglais, ainsi que les grandes villes françaises Perpignan et Toulouse. D’autre part, Carcassonne et bien plus proche de Perpignan que Toulouse. Même si la rivalité entre Catalans et Gavatx demeure, deux clubs si proches pourraient entrer en rivalité dans la recherche de sponsors, et perdre une partie de leur potentiel, ce qui, on l’a vu, ne devrait pas être le cas avec la candidature de Toulouse. Mais l’Aude compte également des avantages. Le premier est de bénéficier d’un bassin de population de 340 000 habitants, un chiffre similaire à celui de Perpignan. Ce qui prouve qu’un projet viable n’est pas utopique. L’autre avantage, très important, est que Carcassonne bénéficie depuis plusieurs années d’un liaison quotidienne avec Londres par la compagnie Ryanair. L’offre s’est aujourd’hui étoffée, et des liaison avec Nottingham et Liverpool (en plus de l’Irlande) existent. Ce qui a permis à plusieurs milliers d’Anglais de venir en pays Cathare, et même de s’y installer. Ce travail en terme d’infrastructures de voyage et de réception (hôtels…), qui n’existait qu’à une moindre échelle à Perpignan, est donc un immense avantage dans l’hypothèse d’une candidature officielle.

On peut donc voir que le rugby à XIII français est dans une phase ascendante. D’un côté, le niveau est en forte progression, avec une équipe de France réussissant de belles performances ces dernières années et une équipe des Dragons Catalans qui rivalise avec les meilleurs en Super League et en Cup (finalistes l’an dernier), et de l’autre des clubs français qui visent haut et cherchent à se donner les moyens de leurs ambitions. Mais une question demeure. Dans l’objectif de tirer le rugby à XIII vers le haut en France, la Super League est-elle une fin en soi? Avoir une voire deux équipes tire en effet le niveau du XIII français vers le haut et participe à l’augmentation de l’intérêt du public pour ce sport. Mais la présence de plusieurs équipes en Super Ligue, au détriment du championnat de France Elite ne signerait-elle pas la fin de ce championnat? Ce dernier n’est plus diffusé à la télévision depuis la disparition de feu Pathé Sport. Sport+, qui lui a succédé ne diffuse guère que la finale, en plus de tous les matchs des Dragons. Carcassonne, Limoux, Lézignan et Toulouse, ce sont quatre grandes équipes historiques du championnat. Et si, sur un plan purement personnel, la présence de plusieurs équipes françaises en Super League serait une grande joie (avec de plus une équipe de ma ville natale!), ce serait une situation inquiétante pour le XIII français, avec la suppression de ces quatre équipes. Avec ce que cela apporterait de problèmes pour les prochaines générations de joueurs. Bref, possible ou non, un mal ou un bien, cette entrée de clubs français dans le championnat anglais est loin d’avoir fini de faire réfléchir.


Equipe préférée: disons que je suis Toulouso-montpelliérain. Joueurs préférés: Philippe Sella, Yannick Jauzion, Cédric Heymans, Sébastien Chabal, Byron Kelleher, Vincent Clerc, Shaun Sowerby, Maxime Médard (ouh qu'ils l'ont bien formé lui!), Petru Balan et Takudzwa Ngwenya. Et aussi Auguste Chadwick et Andy McLean. Joueurs détestés: Agustin Pichot, David Auradou, Fabien Pelous, Rodrigo Roncero, Mario Ledesma, Mathieu Blin, Lawrence Dallaglio, Pierre Mignoni...

2 Comments

  1. Pas mal. Néanmoins, il y a peu de chance de voir plus de 2 clubs français en Super League pour toutes les raisons que tu as évoqués plus le fait que les anglais souhaitent l’ouverture mais pas pas à outrance. S’il est acquis que les Dragons seront franchisés, seul le TO XIII bénéficie de cette volonté “d’ouverture”. Pour infos, ma société organise “LE CAMP DES DRAGONS CATALANS” : 1er stage de rugby à XIII en France. Démarrage le 21 avril 2007. + d’infos sur http://www.catalansdragons.com ou sur http://www.goleador.fr

  2. PJ says:

    Tout à fait d’accord avec toi Michel sur le fait qu’il n’y aura pas 3 clubs français en SL. Je vois plutôt ça comme une “bataille” entre Aude et Toulouse. Même si, personnellement, je ne vois pas comment Carca, Lézignan et autres pourraient s’organiser pour devancer Toulouse.
    Et d’autre part, les Anglais ne voudront jamais nous ouvrir assez la porte. Ca les gonfle déjà assez que les Dragons réussisent, suffit de voir comment ils sont arbitrés pour s’en rendre compte!

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